« Si vous traitez un individu comme il est, il restera ce qu'il est.
Mais si vous le traitez comme s’il était ce qu'il doit et peut devenir, alors il deviendra ce qu'il doit et peut être. »

Behandle die Menschen so, als wären sie, was sie sein sollten, und du hilfst ihnen zu werden, was sie sein können.

J. W. von Goethe, Faust I

Art Therapie Virtus

lundi 7 janvier 2013

BD – Nuit du 5 au 6 janvier 2013 – beatrisse et le cutter

Et bien ce soir j'ai trop mal mais à un point que cette envie de me faire mal pour me sentir moi est bien présente. Pour ne plus ressentir cette douleur qui ne me quitte pas malgré les traitements, mais pour ressentir une autre douleur : cet éclair qui me permet de savoir que mon corps peut endurer une autre douleur que celle-là.
Je suis consciente que ce que j'écris fait mal à lire. Ces migraines, ce mal qui envahit ma tête devient intolérable. Je ne peux plus. Je suis couchée dans mon endroit favoris pour faire ce délire. Le faire sans que personne ne me voit, je suis enfermée dans ma salle de bains. Allonger à même le sol pour ressentir cette fraicheur de ce sol qui me connait bien maintenant. Et mon corps l'aime cette fraicheur, c'est comme si c'était sa drogue, mais une drogue de bien-être. Ce sol reconnait bien ma douleur et mes saignements. Je suis là en boule par terre, pour me faire toute petite. Ce corps ressemble à cette petite fille qui se mettait en boule sur le palier au haut des escaliers le soir elle était en souffrance mais ne s’en rendait pas compte et bien ce soir c'est cette petite fille qui est revenue me hanter et qui attendait que cela se passe, que les heures passent. Mais cette fois si, cette petite fille est capable de ressentir sa souffrance et cette douleur oh combien pénible mais là le sol ce soir, sa fraicheur ne lui fait rien la douleur est trop forte. Mes yeux pleurent tout seuls je n'ai pas besoin de pleurer pour faire ressortir ma peine ma souffrance, ils le font tout seuls mes pauvres yeux, mes yeux qui ont du mal à voir ce qui se passe autour de moi, tellement ils voient flous. Oh ! douleur comme je te hais, oh douleur comme je voudrais que tu me quittes, oh ! douleur comme je voudrais t'enterrer de mes propres mains, oh ! douleur ne m'aime plus, je t'en supplie. Hais moi comme je te hais ! Tu me pousses au vice. Celui de faire souffrir encore plus, tellement j'ai mal, mal à ce corps qui est le mien, que je suis obligée de supporter à chaque instant de la journée. Ce pauvre corps troué comme une passoire de couleur sang, de ce sang que je me fait coller à cause de toi dans cette salle de bains. Et j'ai peur en ce moment car j'ai peur que tu gagnes encore. J'ai peur que tu sois encore plus forte que moi. Mais non je vais faire le maximum je vais faire mon possible pour ne pas jouer avec toi à ce jeu sadique que tu fais avec moi, que tu prends mal à plaisir. Douleur tu es vicieuse, tu attaque ma tête, tu sais que cet endroit me touche tout particulièrement et voilà je saigne du nez. Et je re-vomi encore et encore.
Comme je te hais. Tu commences à saisir tout mon corps. Douleur comme tu me fais vomir, tu fais remonter toutes mes entrailles, tu les tords de douleur. Comment tu peux me faire cela me faire autant souffrir. Pourquoi ma tête et pourquoi tu t'appelles migraine tu devrais t'appeler la peste. Oui c'est cela la peste car tu me tues de plus en plus chaque jour. Je ne sais plus quoi faire ce soir. Je suis trop mal, j'ai mon cutteur près de moi, j'ai cassé la lame pour qu’elle soit moins grande et que le mal que je me ferais soit moins fort. Même cela ne me fait plus d'effet. Il va falloir que je passe à l'acte pour faire diminuer cette douleur, cette migraine, cette peste, la faire ressortir. Mais une partie de moi ne veux pas, mais l'autre oui. Mon dieu je ne sais pas quoi faire, je suis si faible ce soir. Mon cerveau ne réagit plus, mon cerveau ne cherche plus d'autres solutions, mon cerveau et ma tête sont fatigués, épuisés de lutter contre toi tous les jours, ils sont usés. Tout est mort ce soir. Mais comment je peux faire ? Oh là là aider moi ? aide moi mon sol ? Sois plus froid. J'aimerais que tu ressembles à un bloc de glace, j'aimerais me faufiler dedans, que tu me gardes congelée afin que je ne ressente plus cette migraine, cette peste. Je n'en peux plus là c'est trop je vais aller voir le radiateur lui présenter ma tête. Allez encore, encore. Oh ! que cela me fait du bien ! J'aimerais m'assommer complètement et ne me réveiller que dans quelques heures. Aller j'y retourne encore et encore. Je me sens bizarre. Je me sens partir. Oui comme cela me fait du bien, une autre sensation, une autre douleur. Allez migraine, salle peste va tant, oui va tant !! Je t'en supplie, je me sens faible, mais je sens que elle s'en va. Je voudrais dire au revoir à ce radiateur, lui dire que je ne reviendrais plus mais je ne peux pas, que cette migraine est terrible.
Je me recule un peu. Mon cutter est là, toujours là contre moi. Il me nargue. Mais tu ne m'auras pas non, je préfère retourner voir mon radiateur que faire couler du sang sur ce sol, qui me connait bien. Je me remets en boule. Sur lui… Et je ferme les yeux. Je suis assommée, mais la douleur n'est plus la même. Je me sens mieux. J'ai mal mais c'est différent je me sens exister. Mon dieu que c'est terrible d’en arriver là ! Que de souffrance ! Que c'est terrible, j'aimerais tant arrêter tout cela, j'aimerais tant trouver une autre solution, mais rien ne marche pour l'instant. Tellement de choses dans ma tête qui ne me quittent plus.

Mon père me hante. Je suis dégoutée. Ce soir tout revient à une grande vitesse. Je m'enfonce dans ce noir ou je me perds de plus en plus. Tellement de questions qui me font mal. Pourquoi ? Pourquoi migraine, salle peste. Tu me fais revivre tous cela , je ne t'ai rien fait ? Pourquoi ? Je te hais ! Je ne sais pas si tu as gagné. Je n'en sais rien, mais une chose est sûre, le cutter n'a pas bougé, ce cutter n'a pas fait saigner ce corps, il n'a pas sali le sol de la salle de bains. Non, il n'a rien fait de tout cela. Alors je ne sais pas si tu as gagné, mais une chose : tu as fait sortir mes personnalités je ne sais pas laquelle car je ne saurais pas le dire, mais je le sais elles sont apparues. C'est tout. Peut-être aussi qu’elles voulaient quitter ce corps et me laisser tranquille. Je ne le sais pas non plus mais elles ont participé ce soir, en bien ou en mal. Je ne le sais pas, je ne le saurais peut-être jamais.
Maintenant je peux retourner dans mon lit pour attendre le lever du jour qui ne va pas tarder. Je ne sais pas ce qui me fait plus souffrir si c’est cette petite fille qui est revenue me hanter ou alors moi qui ne sais pas trouver d'autres solutions, ou alors c'est mon père qui est revenu me dire qu’il ne me quittera jamais et qu'il restera gravé à jamais dans ma tête ? Etc. Tellement de choses que je ne sais pas c'est terrible et je ne sais pas non plus si je ne vais pas aller revoir le radiateur…

Mon dessin, une figure, ce visage, je ne sais pas qui c’est, l'ensemble de mes personnalités je n'en sais rien mais elles sont apparues et je ne sais pas qui c’est… trop d'absences. Ce visage avec sa bouche grande ouverte en train de hurler sa douleur son désespoir et moi à l'intérieur en pleine souffrance toute petite avec mon visage qui est plus gros que mon corps, car toute ma tête me fait souffrir. Il y a ses deux yeux gros énormes qui sont désorientés perdus. Oui c'est cela perdue.


2 commentaires:

  1. bonsoir Béatrice, je suis comme souvent admirative. Je vais peut être faire de l'interprétation un peu sauvage. Pardonnez moi si cela vous choque ou vous blesse parce que les deux sont possibles.

    La première chose est le lieu choisi. Une salle de bain c'est un endroit où l'on se fait propre, un lieu de purification. Si le sol est froid, c'est que peut être il permet d'anesthésier un peu la douleur, mais là ça n'a pas vraiment fonctionné.

    Donc il y a une salle de bain (ne pas écrire sale.. mais propre), un sol qui permet de donner un support, une assise, et un radiateur. Le radiateur, normalement il donne du chaud. Pourquoi se taper la tête contre lui? Qui représente t il? Je me souviens de bébés qui se tapaient la tête contre le dossier de leur lit. pour expliquer cela, à l'époque on disait que cela était une sorte de balancement, un rythme qu'ils se donnaient eux même pour endormir justement une souffrance, une douleur. Seulement cela inquiétait les parents, et vous, vous semblez si seule avec ce geste; personne ne s'en rend compte, personne ne sait qu'il y a une petite fille qui a besoin d'être prise dans les bras et d'être bercée. Alors cette douleur la petite fille l'endort avec un autre douleur, celle du choc sur la tête, celle de la blessure, du sang qui coule, du rouge (celui du dessin peut-être).

    Vous parlez de migraine, en l'appelant "peste" une maladie qui crée d'énormes boutons et qui crée la mort. La peste c'est transmis pas des animaux qui évoquent la saleté, les rats; Qui vous a transmis cette peste?

    Et puis pour moi, la migraine c'est quelque chose qui fait si mal qu'il devient impossible de penser, cela vole les pensée. Et j'ai souvent eu envie d'entendre mi (moitié) graine (quelque chose qui se met à pousser). Quelle est cette moitié de graine qui vous envahit à un moment donner, qui vous donne envie de vous taper la tête contre les murs pour que ça passe? Est ce lié à votre père, à la graine qu'il a osé mettre en vous, graine qui n'a pas le droit de pousser,


    Il y a le cutter. Le cutter, je me demande s'il ne représente pas le sexe de papa, ce sexe qui a fait si mal et qui pourtant appartient à un papa qui a été aimé par sa petite fille. Ce sexe il détruit, il fait mal, il met à mort. Le fait que la lame ait été comme rognée me semble très très important, car c'est un moyen de l'empêcher de nuire aussi profond et de contrôler les choses.

    non il ne vous aura pas, non il ne vous tuera pas, cela demeure vivant en vous.

    Je remarque aussi qu'il n'y a pas de grrr qui fasse irruption dans ce long texte. Vous parlez des personnalités qui se sont exprimées, mais là, il n'y a que Béatrice qui raconte, qui s'exprime qui transmet un peu de l'horreur qui est en elle.

    Quant au dessin, les yeux et la petite structure qui est en dessous, cela me fait penser (les yeux) à des poissons. Or pour moi, poisson cela renvoie au sexe. Je pense que vous avez dessiné des yeux et un nez.? ,Le nez me fait penser à une tortue. Les yeux, oui des poissons, mais peut être aussi à des pénis.

    Quant à la petite fille, elle est étonnante. On dirait qu'elle est dans un nid, dans une sorte d'utérus et qu'elle ne sait pas qu'elle soit se retourner pour pouvoir naître.

    Je trouve cela magnifique, surtout de pouvoir dessiner cela après avoir vécu un tel désarroi.

    BRAVO.

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  2. Bonsoir Giboulée , Votre commentaire me perturbe beaucoup , je ne prenez pas mal vous le voulez bien ! mais ce morceau là je ne comprend pas du tout le voilà :

    Il y a le cutter. Le cutter, je me demande s'il ne représente pas le sexe de papa, ce sexe qui a fait si mal et qui pourtant appartient à un papa qui a été aimé par sa petite fille. Ce sexe il détruit, il fait mal, il met à mort. Le fait que la lame ait été comme rognée me semble très très important, car c'est un moyen de l'empêcher de nuire aussi profond et de contrôler les choses.
    Je vous embrasse fort .

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