« Si vous traitez un individu comme il est, il restera ce qu'il est.
Mais si vous le traitez comme s’il était ce qu'il doit et peut devenir, alors il deviendra ce qu'il doit et peut être. »

Behandle die Menschen so, als wären sie, was sie sein sollten, und du hilfst ihnen zu werden, was sie sein können.

J. W. von Goethe, Faust I

Art Therapie Virtus

jeudi 30 août 2012

BD – Dissociation

Généralement, elle écrit sans fautes, de manière fluide et construite. Elle est une personne très douce et très sensée. Elle a plein d'amis sur Facebook et elle est aidante.
Dissociée, elle devient il et reste difficilement lisible. Pas très compréhensible, mais on voit bien que c'est l'autre. L'autre se croit très mauvais. C'est la peur d'avoir posté des horreurs, de faire du mal, en fait, si on a compris ce qu'il se passe, il est important de ne pas en prendre ombrage : c'est l'autre.
Aucun danger pour autrui seulement pour elle.

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21 commentaires:

  1. Perplexe.

    Je suis perplexe quant au titre de ce billet. Il me semble (en reprenant un commentaire de Philippe qui est ailleurs) que dans la dissociation traumatique, le corps est là, il subit l'innomable, mais le ressenti du corps n'est plus vécu par l'individu qui se met à l'abri là où personne ne peut l'atteindre.

    Il me semble que dans la dissociation liée à un traumatisme, la personne (le corps) est là, mais l'esprit d'une certaine manière est ailleurs, et cet ailleurs est un domaine profondément privé, non partageable.

    Là, il me semble entendre parler l'enfant intérieur blessé, meurtri, comme si l'adulte d'un coup régressait à un stade antérieur, plus comme s'il y avait un clivage de la personne et que à ce moment là, l'enfant prend le pas sur tout le reste et arrive à dire ici sa demande de ne pas être laissé pour compte.

    Mais je me trompe peut être.

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    1. Je partage l'avis de Giboulée sur la définition de la dissociation.

      De plus, il y a cette dissociation qui fait que l'esprit se protège de ce que subit le corps, l'intégrité physique étant violée, le psychisme "cherche" à s'extirper de cette situation d'intrusion violente. Cette dissociation n'est pas à confondre avec la dissociation psychotique.

      On pourrait dire que la personne coupe le courant, elle n'habite plus son corps, elle n'est plus son corps, son corps n'est plus elle.
      Je me suis posée la question de la dépersonnalisation également, car la personne est "posséder" par l'autre, elle ne s'appartient plus, en tout cas, la partie agressée, car une part plus profonde subsiste et reste intacte...
      L'autre l'oblige à ne plus être elle, de plus l’agresseur réduit la victime à l'état d'objet et non plus de personne.

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  2. Il me semble aussi que le mot "dissociation" apparaît un peu mis à toutes les sauces.

    Pour moi, il y a une différence entre les phénomènes de dissociation, qui se manifestent, à titre de traces, par les "trous de mémoire" sur certains faits, et les écritures, meme bien différentes, de la personne "sociale" versus la blessée.
    Ce dernier phénomène, certaines l'appellent "porter le masque". Mais ce n'est pas de la dissociation. C'est "porter le masque" de la personne aidante, qui a l'air d'aller bien, etc...et puis seule, aller s'effondrer sur un pont avec un cutter.
    Le "masque" a à voir avec l'obligation du secret, le "tenir bon" sans montrer ce qu'on subit.

    Je me permets de te référer d'une part à mes travaux (mon master 2, les chapitres sur le secret, par exemple autour des pages 98-99 mais aussi tout le bloc sur le secret --> http://sophia.perrin.free.fr/telechargement2.htm), et au livret réalisé par canacircus, à des fins de prévention pour les enfants, mais qui pour nous montre très bien, en quelques imagges de BD, ce qu'est le "masque" : http://sd-1.archive-host.com/membres/up/117186447557252869/LePetitBallonViolet.pdf

    Par pitié, ne mettons pas la dissociation à toutes les sauces. La sienne lui suffit amplement.

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  3. Plusieurs parties de la personnalité vont avoir des comportements, des phobies, des peurs différents. Ce n’est pas de la schizophrénie : les parties différentes ont conscience des autres mais pas toujours, sans être psychotiques pour autant.
    Selon François Louboff, certaines PEs peuvent ne pas connaître les autres PEs. Le trouble dissociatif de l’identité, assez rare quand même, est défini par l’existence de plusieurs PANs (dissociation tertiaire), s’exprimant tour à tour, et pouvant ne pas avoir connaissance les unes des autres. Ne pas confondre les trois types de traumatismes avec les trois types de dissociations, ces deux descriptions n’étant pas totalement superposables. Un traumatisme II ou III peut donner une dissociation secondaire ou tertiaire, selon la présence de plusieurs facteurs, dont l’âge de début des traumatismes (un début avant 8 ans favoriserait une dissociation tertiaire, car les systèmes d’action de la vie quotidienne ne sont pas encore bien ajustés).

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  4. Oui, peut-être, mais moi, je préfère la formulationn en terme de "masque", que celle en terme de "syndrome"... Cela fait plus théatral, et donc accorde de la valeur aux masques, tandis que "syndrome", cela fait pathologique, rahhhh, supprimez moi ces masques !

    Signé : la voix off et ses multiples personnages ;-)

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  5. Dans "Dissociation et mémoire traumatique", on emploie le terme Dissociation pour le Trouble Dissociatif de l'Identité TDI (ou personnalité multiple) comme dans l'exemple. Je connais une femme qui présente une dissociation psychique binaire très marquée donc un TDI, si je ne me trompe pas. Chez cette femme, il y a alternance entre une personnalité très prude sans vie sexuelle, et son opposée absolue (prostitution), alternance vécue par elle comme une grande souffrance, une croix. Elle ne souvient pas spontanement de sa deuxième personnalité, mais elle peut s'en rappeler en lui rappelant, (ce qu'elle n'aime pas). L'alternance de ses deux personnalités la conduit à des attitudes opposées vis à vis des autres, et pourrait faire croire à changement d'idée, à un esprit lunatique, changeant, à de la schizophrénie... mais il s'agit d'un TDI. Je ne sais pas si ce TDI est la consequence de sa prostitution ou la consequence du (ou des) grave(s) viol(s) qu'elle a eu dans son enfance.

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  6. J'opterai pour la conséquence de ce qu'elle a subi dans son enfance. Il y a des années j'avais vu un film sur les groupes de soutien (aux USA) pour les personnes "addicts au sexe". Et l'addiction était due aux expériences de l'enfance qui avait provoque au niveau du corps des émois et des émotions que l'adulte essayait de recréer ainsi.

    Par contre il me semble que l'adulte était consciente de ces deux états.

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  7. Il s'agit de TDI,Trouble Dissociatif de l'identité,type trois de dissociation selon le DSM-V.
    Un ouvrage écrit par trois des experts mondiaux dans ce domaine a été traduit en français et peut être feuilleté et acheté en ligne sur Amazon:

    "Le Soi Hanté"de Otto Van der Hart"

    Il y a aussi, entre autres:

    "Treating complex traumatic stress disorders" de Christine A. Courtois

    "Dissociation and the dissociative disorders" de Paul Bell

    Je souffre moi-même de TDI et suis suivie par un médecin psychiatre formé dans ce domaine encore trop ignoré en France.
    J'ai 61 ans et suis professeur retraitée.
    Ma personnalité s'est fracturée en fragments autonomes à la suite de viols et actes de sadisme multiples survenus de la petite enfance à l'age adulte.
    ces"parties "ont pris sur elles l'insupportable au niveau physique,émotionnel et danger de mort imminente.Elles sont restées figées dans la période des abus et présentent les charactéristiques, langage etc.. liées au contexte, ex une a 2 ans, une a 12 ans,15 ans.Certaines ne savaient pas que les abus étaient finis.Il y a aussi des parties dissociées crées par les abuseurs eux-mêmes, par ex "celle qui aime ça" car mon père ne voulait pas d'une "morte" pendant les abus,et aussi un lapin, car il m'obligeait à mimer cet animal.Voir le film "Délivrance"Bref, c'est un système interne très complexe qui se développe comme mécanisme de défense chez de nombreuses personnes ayant vécu des traumas extrèmes.Beaucoup plus courant qu'on ne le croit.

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  8. Merci à l'anonyme pour ce témoignage, en France, ce sujet est totalement écarté de la scène publique mais également des écoles de médecine psychiatrique. Chose grave car les médecins capable de diagnostiquer un TDI sont rares (à moins que je me trompe). La schizophrénie étant un tiroir fourre-tout bien pratique.

    J'ai fais une recherche sur toutes les médiathèques de chez moi (grande ville): PAS UN SEUL LIVRE référencé avec "trouble dissociatif de l'identité", pour "personnalité multiple", j'avais quelques bouquins mais rien de médical (conte, roman)..... Bref, il y a un sérieux soucis en France et je remercie 'anonyme' pour les 3 références de livre.
    En comparaison, voici une liste impressionnante d'ouvrages anglophones sur le sujet:

    http://mpbooks.artefact.org.nz/book/

    C'est une bonne chose que vous ayez trouvé un thérapeute ayant identifié vos divers alters. Je serais très intéressé de connaître les protocoles utilisés dans ce genre de thérapie, car encore une fois, très peu de ressources francophones sur le sujet. Il est temps de reconnaître publiquement tout cela, car vous l'avez précisé, c'est beaucoup plus courant qu'on ne le croit.

    http://www.pedopolis.com

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    1. Je reprends ma réponse postée plus haut sous "Anonyme".Je m'appelle Dominique.
      Heureusement, le terme personnalité multiple a été abandonné. Il prêtait trop à confusion puisqu'il n'y a qu'une psyche fragmentée en parties dissociées.
      Et aussi, celà a donné naissance à des films et livres à sensation qui sont bien éloignés de ce qu'est le TDI.
      Oui, j'ai beaucoup de chance.Je bénéficie d'une structure pilote dans le Sud de la France dans laquelle, sous l'impulsion d'un psychiatre formidable, tous les médecins sont formés à reconnaitre le stress post traumatique, le TDI et à utiliser différents outils thérapeutiques tels que l'EMDR(quand il est adéquat).
      Ce qui prime dans ce centre, c'est l'alliance thérapeutique établie avec le patient, la communication et la confiance.
      Mon psychiatre a pu m'expliquer ce qui se manifestait en moi.Ce n'est pas lui qui a identifié les différents "alters".Ils se sont présentés à moi d'eux-mêmes à partir du moment ou j'étais prête à les entrevoir et qu' eux mêmes se sentaient assez en sécurité pour ne plus se cacher dans les profondeurs.En prendre conscience est terrifiant au départ.C'est pourquoi il est si important de s'informer.

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    2. Merci pour ces précisions Dominique.
      L'EMDR permet à priori d'avoir accès à des souvenirs ou sensations enfouis.

      Sinon voici un site intéressant que j'ai oublié de donner dans mon précédant com:

      http://www.multiples-pages.net/


      Vous pouvez nous contacter via la messagerie du site http://www.pedopolis.com (contact).

      Nous cherchons à entrer en contact avec des thérapeutes ayant conscience de ce phénomène et ayant des méthodes de travail adéquat.

      Peut-être connaissez-vous le Dr Dupuis, aujourd'hui à la retraite. Il est l'auteur d'un dossier "les ravages de l'abus sexuel":

      http://www.pedopolis.com/blog/patrick-dupuis-les-ravages-de-l-abus-sexuel-nexus.html

      Il semblerait qu'il n'arrive pas à se faire éditer son livre en France.... remettre en question Freud, ça arrange rien...

      Merci aussi aux auteur(e)s du blog ;)

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  9. Je te remercie de ton témoignage. Arrives -tu maintenant à avoir le contrôle des différentes parties de ta personnalité, as-tu réussi l'unité ?
    Mon amie au TDI, a subi de nombreux traumatismes dans son enfance : Affectif, viol(s)... Elle n’était pas désirée par ses parents, (un avortement avant elle) et fut élevée jusqu'à 5 ans par ses grands parents. Puis elle a eu une éducation très dure par sa seule mère, (son père travaillant à l’étranger), la rendant responsable de tout, et la punissant avec un bâton d'olivier. Jeune adolescente, son père revint dans la famille, et à 13 ans elle fut violée par ?. De 14 à 18 ans, se sentant coupable, et par peur de reproches, elle a dormi souvent dans la rue. Un jour soule, vers 17ans, elle s’est mis à frapper avec une grande violence tous les hommes présents.
    Son TDI : on pourrait vraiment croire à 2 femmes différentes, tant ces personnalités sont opposées. Un jour elle dira en le pensant : "je n'ai plus de relation sexuelle depuis des années", et avoir une attitude prude et puis le lendemain :"une journée sans "passe" est triste", "les choses dures sont pour moi"... Les exemples sont très nombreux, je n'en donne pas plus par respect de mon amie. Chacune de ces 2 parties n'a pas "spontanément" mémoire des agissements de l'autre. Ce TDI est pour elle UNE GRANDE SOUFFRANCE : "j'ai ma croix de souffrance à porter, mais je suis si lasse de cette vie", "je veux mourir mais ce n'est pas nouveau". Les lendemains de sa prostitution sont très durs pour elle, pleurs, honte, haine, colère, refus d'aide, refus des autres...
    Mariée depuis plus de 20 ans, son mari a l'attitude d'un souteneur, et je finis par être très mal vu par lui car je n’ai pas été "client" de sa femme (les mots de mon amie) mais un simple ami aidant. Je ne sais cependant pas si elle s'est prostituée pour aider son couple, si c'est son mari qui l'a prostituée, ou encore si elle se prostitue depuis son adolescence. D'après ce qu'elle m'a dit, elle répète le viol en sa prostitution.
    Sa prostitution est très importante("tant d'hommes années", bordels...) et j'ai lu que la prostitution peut aussi engendrer une dissociation binaire, avec perte de mémoire. L'essentiel de mon aide a été par Internet (je l’aurais sauvée d'un suicide selon elle), et par internet elle s'exprime bien plus facilement sur sa prostitution qu'en face à face. Car elle veut en parler, en fait elle expose toute sa vie sur internet à ses amis par un double langage ("tous les funiculaires sont bons, pas trop d'attente","et quand vous venez à moi toute ma souffrance va disparaitre...). Au contraire, lorsque j’ai été en sa présence elle a compris mon hostilité à la prostitution et rapidement le sujet redevint tabou.

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  10. Merci pour tous ces témoignages touchants et tellement fort ça me rassure moi je ne suis pas seule! je ne peux pas vivre avec moi grande souffrance !
    Bonne nuit.

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  11. Partie I

    Je me permets d'intervenir dans ce débat intéressant. Et c'est surtout le témoignage de Dominique qui m'a déterminé à intervenir.
    Déjà, merci à Dominique pour ce témoignage dont le contenu est bien plus fréquent qu'on ne le pense...
    La question des dites personnalités multiples est abordée de manière sérieusement clinique depuis peu. La psychologie clinique et la psychopathologie sont demeurées longtemps fascinées par ce trouble particulier des identités multiples. Les témoignages que nous recueillons souvent nous imposent cependant une écoute moins centrée sur la pathologie et beaucoup plus ouverte aux infinies variations des manifestations de la vie. Si nous nous en tenons à la vie telle qu'elle nous est racontée et aux faits qui nous sont rapportés, notre vision de la normalité peut s'en trouver plus étendue qu'à l'accoutumée.
    Je vous propose donc d'entendre le récit de Dominique comme une trame sur laquelle je vais "broder".
    Je retiens le terme de "fragmentation" que j'utilise aussi.
    Sur cette trame les notions d'identité, de personnalité, de conscience, toutes centrées sur un motif commun appelée unité, n'auront pas cours. De même, l'évolution personnelle conçue comme un fil dont le développement aurait pu être perturbé plus ou moins gravement dans sa linéarité est un artefact culturel qui nuit à une représentation plus riche de l'entité humaine dans sa sphère personnelle et dans son évolution au sein de l'espèce.
    Je m'exprime ici que sur le thème de ce que d'aucuns nomment "dissociation" et qui concerne des rescapés de traumatisme sexuels précoces.
    Pour ces personnes, au lieu de se former selon une ligne d'expansion unitaire – comme le veut notre culture, l'organisme global se forme depuis une date X, – celle de l'enracinement du traumatisme – de branches qui se développeront de manière autonome et avec d'autant plus de pertinence que leur existence individuelle et collective ne pose pas de problème d'ensemble. Chacune crée une aire d'expansion qui lui est propre au sein de laquelle une pertinence des comportements peut être constatée. La conscience globale qui, de toute manière existe, n'opère pas de contrôle sur ces aires sauf sur celle qui sera adoptée dès qu'un Soi autobiographique aura pu se constituer. Chaque aire est régie par des mécanismes instinctuels qui lui sont spécifiques. Le Soi, avec sa conscience délibérative, peut tout juste ressentir une pression intérieure nommée souvent angoisse donc sans objet spécifique, correspondant à un moment d'activation énergétique d'une aire ou d'une autre. (J'ai différents exemples concrets de fragments de vie pour illustrer ces propos et, ici, je suis obligé de faire court.)

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  12. Partie II


    La personnalité se fragmente en de multiples entités autonomes au sein desquelles peut exister une entité sociale apparemment adaptée et opérante.
    Ces entités sont autonomes et non communicantes, ce qui revient à dire que leurs aires d'expansion ne communiquent pas. Cela a des répercutions dans la vie concrète. Ces aires ne se rencontrent pas, non par propos délibéré d'une instance qui contrôlerait tout mais simplement parce que leur monde est différent. Un peu comme dans une ville où les turcs ne croisent pas les pakistanais dans l'espace de vie domestique et communautaire. Cette incommunication relève de l'instinctuel et trouve une première source dans la manière dont le prédateur a lui-même instauré le silence, le déni et le contrôle sur la vie de sa victime.


    Le Soi peut être lucide mais impuissant à influer le cours des choses. Même au sein de son aire de prédilection, il peut arriver que l'une ou l'autre des entités se manifeste, semant le trouble, parfois la catastrophe. Pour se prémunir contre ces "accidents" de contact, ces personnes développent des stratégies de vigilance très complexes. C'est ce qui peut donner cette impression de réserve et de contrôle que l'on perçoit chez elles. Elles doivent rester sur leur garde pour que leur conscience préserve les frontières de l'aire principale des intrusions des autres entités. Cela se fait au cours du temps, au fur et à mesure que la personne apprend à identifier les spécificités de chacune de ces entités. Ce qui peut induire une restriction progressive de cette aire principale, donc conduire à un étiolement de toutes ces facultés associées à la vie : souplesse, adaptativité, inventivité, ouverture, etc.
    Il existe pratiquement toujours un fragment socialisé dont les piliers communs dans nos sociétés sont la famille et/ou la vie professionnelle. L'existence de ce Soi social est importante car c'est à partir d'elle que les effets gênants de la fragmentations pourront s'estomper, voire se ranger à la disposition du Soi et l'enrichir pour former une entité plus globale apte à générer des attitudes, des comportements et des valeurs personnelles et communes. C'est à partir de ce fragment de Soi que le travail thérapeutique peut commencer. Ce Soi "social" a aussi une vertu qui lui est spécifique, c'est la seule entité autour de laquelle s'est bâtie un début d'identité indépendante des aléas parentaux, éducationnels et familiaux. Dans cette aire la personne se sent un peu plus "Elle".

    Notons enfin que ce processus d'évolution différencié est "naturel", c'est même une source de richesses potentielles pour l'organisme grâce à la multiplication des surfaces de contact avec des objets externes. L'éducation classique qui vise une unité de l'être est un piège de porteur d'étroitisation du champ de conscience donc d'étiolement voire d'extinction des fantaisies.

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    1. Oui, c'est vraiment une source de richesses potentielles, tant au niveau intellectuel,créatif que spirituel.
      Un peu comme un paon qui, tout à coup, aurait appris à déployer toutes ses plumes et de plus, comme dans la mythologie,serait capable de transformer en manne tout produit toxique absorbé!
      Ce que j'ai pu constater, c'est que ce n'est qu'après une longue période que toutes mes "parties" fragmentées ont pu s'identifier,qu'elles étaient effectivement complètement ignorantes les unes des autres et dans des espaces temps totalement différents.Par exemple ,ma Dominique de 12 ans , quand elle a commencé à venir la nuit, ne savait pas ce qu était le walkman que j'étais en train d'écouter dans mon lit car ça n'existait pas dans le années 60.Elle était complètement perdue .J'ai du lui expliquer.Une autre ne voulait pas me croire que les abus étaient finis et qu'on était en 2012.
      Petit à petit, j'ai commencé à pouvoir communiquer avec les parties fragmentées.Elles se sont "déchargées" du poids des souvenirs qu'elles portaient et des injonctions sous lesquelles elles fonctionnaient.C'était parfois insoutenable.Je n'ai pu le faire qu'en acceptant de voir le bourreau en moi.C'est une des façons de le dire.Au fur et à mesure que je perçais des mystères de ma psyche, d'autres parties venaient barrer ma route,par ex l'escargot que mon père avait utilisé pour m'empêcher de me souvenir(j'en avais une peur phobique)systématiquement réapparaissait plein zoum avant les flash backs.
      dans les pays Anglo saxons, on parle d'association après la dissociation.J'aime bien ce terme.

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  13. Merci pour cette superbe explication. Je veux bien croire à la "source de richesses potentielles pour l'organisme grâce à la multiplication des surfaces de contact", mais comment se fait-il que nous soyons crevées à force de jouer au yoyo. Un petit cancer aussi pour entériner la somatisation. Pas moyen d'être tranquille, toujours sur le qui vive ou qui meurt. Et on fait quoi ?

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  14. Je comprends votre désappointement mais je ne donne pas dans l’angélisme. Avant de répondre à votre préoccupation je voudrais compléter les commentaires ci-dessus en donnant deux références cliniques :
    A. Damasio pour ce qui concerne le vocabulaire, Soi, conscience, etc. mais aussi pour sa représentation de l'organisme humain. Mon référent sémantique, de ce point d vue n'est pas la psychanalyse ni la psychologie en général.
    C. G. Jung en ce qui concerne la méthode d'approche de ces entités, même si Damasio ouvre les mêmes voies. Il s'agit de l'Imagination active soutenue par la Fonction Transcendante qui recouvre très exactement ce que Damasio nomme "l'impulsion homéostasique". Il s'agit d'une capacité inhérente à tous les systèmes vivants qui permet de rétablir l'équilibre interne de l'organisme face à toute forme d'intrusion, de confrontation ou de perturbation. Grâce à cette impulsion, l'organisme est capable de créer de manière permanente des stimulation chimiques, hormonales, des actions attitudes comportements ou valeurs qui tendent, non à ré-tablir l'équilibre ancien mais à produire des alliances nouvelles avec l'environnement et/ou l'objet prédateur. Ce que Dominique nous rapporte en évoquant le petit lapin et les autres personnages de son histoire.
    L'acte thérapeutique consiste donc, en premier, à établir cette familiarité intérieure qui comme le signale Dominique n'apparaît qu'aà partir du moment où la Consciente du moment est prête à accuellir cette "ménagerie".
    Avant de poursuivre je donne deux autres références en plus de "Le soi hanté", déjà signalé.
    Changing mind in therapy - Emotions, attachement, trauma & neurobiology, Margaret Wilkinson, Norton & Company, NY. Elle y donne des réponses à vos préoccupations.
    Embodiment, creative imagination in Medecine, Ar and Travel, Robert Bosnak, Routledge, NY. Ce livre rapporte différentes techniques qui peuvent être appliquées à différents secteurs de la santé mentale. Il se rapporte également à ces techniques qui tout en étant issues des arts et dela culture ont prouver leur efficience dans les psychothérapies. On peut penser à l'art thérapie, bien sûr mais il n'y a pas que ça. Cela concerne également des courants moins habituels dont on retrouve des éléments dans le Butho, la méditation, etc.

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    1. j'aime bien la première partie de votre commentaire que je rejoins complètement.L'être cherche toujours à maintenir l'homéostasie. Et chaque individu va "trouver" comment maintenir l'équilibre malgré les facteurs extérieurs, plus que l'équilibre, je crois que c'est le besoin d'intégrité qui est protégé, tout l'être se met au "service de".

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  15. Bonsoir à tous,
    Mon avis le voilà car je vie avec ces troubles et je les comptes plus, ils m'épuisent, me désorientent, mes en doute sur mes capacités, me térorise, me referme sur moi même, des migraines, des nausées, me provoque des sauts d'humeurs, des angoisses et la liste est longue .. et pourtant avec tous cela je dois me battre car oui c'est un combat chaque jours une survie pour essayer de menner une vie disons normale avec trois enfants!
    A bientôt

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  16. @Auteure,
    C'est normal qu'on se sente épuisées.Nous avons été soumises à un stress extrème de nombreuses fois.Moi, une grande partie de mon énergie avait été utilisée à maintenir insconsciemment les murs de l'amnésie et l'autre partie à chercher à les abattre.
    Un livre m'a énormément aidée mais il n'est pas encore traduit en français:
    "Safe Passage to Healing" de Chrystine Oksana.
    Un guide très complet pour les survivants d'abus répétés.

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