« Si vous traitez un individu comme il est, il restera ce qu'il est.
Mais si vous le traitez comme s’il était ce qu'il doit et peut devenir, alors il deviendra ce qu'il doit et peut être. »

Behandle die Menschen so, als wären sie, was sie sein sollten, und du hilfst ihnen zu werden, was sie sein können.

J. W. von Goethe, Faust I

Art Therapie Virtus

dimanche 13 janvier 2013

BD – Au groupe de parole – La détresse des absences

Samedi 12 janvier 2013
Aujourd'hui groupe de parole : le thème la procrastination. Tout d'abord ce mot je ne le connaissais pas, il m’a énormément perturbée, je ne comprenais pas le lien avec l'insecte, même encore ce soir. Ce matin j'étais dans tous mes états, sale nuit, impossible de dormir, de me détendre dans mon lit, de faire la grasse matinée. Trop énervée, trop sur les nerfs, donc les pulsions, elles sont venues me dire bonjour, venues me titiller et quand elles sont là elles s'installent et je perds tout contrôle.
Donc comme je vous l'ai dit : énervée plus, plus avec l'augmentation du traitement et cette façon de toujours luter. Le résultat : je ressemblais à un zombi et impossible de me calmer. L'agressivité était aussi au RDV. Je sautais partout, je me battais contre du vent, impossible de savoir ce que je voulais. Je sautillais d'un pied sur l'autre ce qui a augmenté mon angoisse encore plus, je savais que j'avais groupe de parole aujourd'hui. Je devais sortir, mais je ne sais pas si c'est cela qui m’a mis dans un état de délire comme ça, mais voilà le mot "stop" a fait irruption avec Emmanuelle dans sa conversation et là un immense frisson a saisi mon corps. Là les frissons ne m’ont pas fait effet comme d'habitude. Cette sensation était différente, je ne sais pas pourquoi, mais je sais qu’en moi les palpitations étaient très fortes plus que d'habitude aussi. Ce changement a été net. Complètement déroutée.
Finalement je suis allée au groupe de parole mais je me sentais très mal et trop tard pour annuler. Arrivée sur place, je suis restée figée, devant la grande porte de l'entrer de dehors, j'étais un peu en retard. Devant cette porte j'avais l'impression qu’elle était fermée et qu’elle me disait interdit d’entrer, pas le droit. Mon ami était parti, j'étais complètement angoissée, je me suis mise à pleurer, dans ma tête je n'avais plus l'instinct d’appeler une personne ou de crier, crier à l'aide. J'avais envie de vomir. J'étais en sueur alors que dehors il faisait froid. Je ne sais pas combien de temps cela a duré, finalement je suis rentrée. Mais là je ne reconnaissais personne, je ne me rappelais plus non plus des noms des personnes. J'étais complètement déstabilisée, des tremblements partout, impossible de ne pas voir ma main trembler. La personne qui anime le groupe m’a demandé de m'assoir à coté d'elle. Je ne sais pas si elle s’est aperçu que je n'allais pas bien.
Nous avons commencé à échanger tous ensembles. Moi j'essayais de me cramponner, toujours à l'intérieur de moi ces tremblements qui à force me faisaient mal. J'ai un peu parlé.
Je leur disais que avec ce mot : procrastination, cela me faisait penser à une procréation, faire quelque chose obtenir un résultat et puis à un moment j'ai dit que je ne comprenais pas le rapprochement avec l'inceste, même qu’à un moment, je me suis posé la question de savoir si j'étais normale. Pourquoi avoir une telle réaction, je ne savais pas. J'ai dit que je ressemblais à une vache dans un pré en train de brouter l'herbe. Je me noyais de plus en plus, j'étais à côté de la plaque. Mes absences sont apparues, je me sentais très très mal.
En revenant à moi, j'ai écrit sur une feuille : je suis paumée et je l'ai passée à l'animatrice du groupe. Elle m’a regardée. J'avais très chaud subitement. Elle m'a répondu de prendre des miettes de pain… je ne comprenais pas ce que cela voulait dire… je ne savais plus, impossible de réfléchir. Elle s'en est aperçu et elle a rajouté : comme le petit poucet ! Et là oui, je comprenais. Essayer de prendre des petits mots par-ci par-là pour pouvoir suivre. Mais voilà impossible de capter quoi que ce soit. Impossible, et j'ai refait un mot et là j'ai marqué que je coulais et que j'avais de grosses palpitations. Je n'en pouvais plus, elle s'en est aperçu. Je la voyais que m'observais du coin de l'œil et moi, dans ma tête, je me disais : pourvu que cela n'aille pas plus loin cette crise.
Je crois qu’aujourd'hui ça a été l'apothéose et que le groupe a vu que je n'allais pas bien, car quand je voulais prendre la parole, je ne savais plus ce que je voulais dire. Le blanc, ce blanc que je hais quand cela m'arrive en public et ça m’est arrivé plusieurs fois et je m'excusais encore et encore et l'animatrice disait que ce n'est pas grave. Peut-être mais moi j'étais pas bien et pas à l’aise, et j'avais cette envie de dormir qui était très présente aussi. Je n'ai pas pu reprendre le fil de la discussion. Impossible, j'étais complètement larguée et une autre chose m’a perturbée encore plus : j'avais devant moi mon thé et je me rappelle avoir dit à l'animatrice qu’il n'y avait pas de dépôt au fond comme la dernière fois où je me voyais en train de couler. Elle avait compris ce que je voulais dire. Mais quand je me suis sentie terriblement mal et quand là, j'ai regardé de nouveau le fond de ma tasse de thé un dépôt est apparu. Pourquoi avais-je regardé ce thé ? pourquoi je ne sais pas. C'était comme un signe pour me prévenir que je n'étais pas bien ou alors pour me le confirmer. Je n'en sais rien, mais là ça m’a achevée. Je ne pensais qu'à une chose : m'enfuir très loin. J’avais une peur terrible qu’il m'arrive quelque chose et je voulais fuir cette pièce, je voulais fuir, j'avais trop peur de ces réactions anormales, j'avais surtout peur qu’elles apparaissent et que je fasse du mal. Je n'arrivais plus à respirer non plus. Cette douleur contre ma poitrine était revenue. Alors là je me suis levée et je suis allée aux toilettes. J'ai du y rester longtemps, je n'en sais rien, mais l'animatrice est venue me voir et m’a demandé à travers la porte si j'allais bien. Je lui ai répondu que j'avais très mal à la tête, elle m’a demandé de ne pas rester enfermer longtemps. Elle s'inquiétait et là, mes doutes étaient confirmés, je suis sortie et retournée dans la salle. Elle m’a dit que j'avais perdu beaucoup de fois le fil, que c'était flagrant, mais que voilà, elle comprenait. En partant, elle m’a dit qu’elle m'appellerait pour avoir de mes nouvelles. Je ne sais pas ce qui a déclenché ce mal être total, peut être que c'était la suite de ce matin et que mon énervement, je n'ai jamais pu le gérer de la journée, je ne le sais pas. Une chose est sûre ce soir j'ai toujours ce mal être et mes tremblements et cette épuisement est de plus en plus fort et présent et cela me fait peur, je ne sais pas ou je vais comme cela.
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4 commentaires:

  1. Bonjour Béa,

    je viens te rassurer que tes réactions sont normales pour quelqu'un qui a vécu de grands traumas et passe par des périodes dans lesquelles les souvenirs remontent, même si on n'en a pas vraiment conscience.

    Pour moi c'est exactement les mêmes symptômes qui se manifestent quand je ne vais pas bien, tremblements, froid glacial, étourdissement,perte complète d'énergie, nausées et j'en passe.La dernière fois que j'ai ressenti ça a été après la riposte cynique de ma mère a mon témoignage dans le Nouvel Obs.Je me suis tenue recroquevillée dans mon lit plusieurs jours pour retrouver mes forces.

    Il y a toujours des "déclencheurs" qui nous renvoient à notre passé et provoquent ces réactions en nous, on ne s'en aperçoit pas forcément et on n'a pas les mots pour dire ce qui se passe ou ce qu'on a subit.je vois que le mot "procrastination" t'a beaucoup perturbée.
    Alors de là a pouvoir s'exprimer en public, dans un groupe de parole, c'est très difficile.Notre parole a été baillonnée, on a été mises sous terreur et souvent sous interdiction de se souvenir.
    C'est très important pour nous qui souffrons de trouble dissociatif de se sentir en sécurité, ce qui n'est pas évident dans les groupes de parole.
    On n'a pas forcément le vocabulaire adéquat, on peut se sentir inférieur aux autres parce qu'on n'arrive pas à communiquer mais tu sais, ne te laisse pas intimider par quelque jargon intellectuel qui finalement n'est qu'un vernis et ne reflète pas la valeur de la personne.
    Les traumas nous ont pétrifiées, sidérées et nous avons donc ces blancs, ces absences qui nous coupent nos moyens.Rappelle toi que c'est provisoire, tu vas reprendre tes forces à mesure que ton histoire se déroule .C'est très dur pendant qu'on est dans ce chaos mais tout se remet en place à l'intérieur de toi .
    Quand tu seras prête , tes migraines et mal être vont se transformer en mots et souvenirs et tu seras délivrée de ton passé.

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  2. Bonjour Dominique ,
    Je suis ravie de te revoir parmi nous ! merci pour ton commentaire d'encouragement , oui j'ai du mal à parler , j'ai toujours l'impression que ce que je dis est à coté du sujet ! et je voudrais me planquer ! mais là bas difficile ! alors je perds mes moyens et les crises arrivent pour me mettre encore plus mal à l'aise ! oui parfois les sujets sont difficles à affronter ! mais toujours interrésent ! quand j'arrive à suivre ! mais j'essaie de faire mon maximum pour en retenir quelque chose !
    Je te remercie pour ton clin d'oeil , à bientôt .

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  3. J'ai compris que si j'avais été muette si longtemps, c'est parce que la parole m'avait été confisquée par mes abuseurs qui avaient réussi à me convaincre, l'enfant que j'étais, de plusieurs choses:
    Que si jamais je parlais ou même me souvenais, je mourrais ou que de terribles calamités s'en suivraient, Que je serais sans argent et bannie, abandonnée de tous.
    Que tous les abus étaient de ma faute, que j'étais la mauvaise fille par qui le mal arrivait.

    Pour bien faire entrer ces menaces et implanter cette terreur, mon père utilisait des escargots, la menace d'un fusil et des cigarettes allumées qui me forçaient à me dissocier.
    Son père avant lui avait usé de stratagèmes semblables sur sa fille, avec des souris.

    Bien que ne me rappelant plus de ce lavage de cerveau, une partie de moi a continué a vivre sous cette terreur et a empêché mon moi adulte de se rappeler ou de transgresser l'interdit.
    Au début, je ne pouvais rien dire des abus et quand les souvenirs sont remontés malgré moi comme un barrage qui céde,, je me suis retrouvée à nouveau terrifiée de mourir, comme si j'étais encore enfant.
    Un psychiatre spécialisé, le professeur Onno van der Hart, montre comment chacune de nos personnalités doit être adressée et soignée pour qu'un vrai rétablissement puisse s'effectuer.Tu as son interview vidéo à ce sujet sur le net.
    Mais avant "d'explorer" tes personnalités et ce qu'elles ont à dire, il est vital que tu développes des techniques pour rester le plus possible dans le moment présent, t'ancre dans le maintenant etcréér un lieu sécure en toi et qui te permette de reconnaitre les moments ou tu alternes les personnalités et ou tu retournes dans le passé traumatique.
    Aussi accorde toi des pauses et une fenêtre de tolérance, c'st à dire que quand c'est trop, tu demandes à ton système intérieur de se calmer pour pouvoir respirer.

    Tu n'es pas non plus obligée de participer à ces groupes si tu ne t'y sens pas bien.
    pour moi, il n'y a que les groupes de 12 étapes anonymes qui m'ont énormément apporté car très structurés, courts, pas d'obligation de prendre la parole, programme de rétablissement .je dois dire que les autres groupes que j'ai pu fréquenter à mon époque me faisaient plus de mal que de bien, pas de cadre, trop longs, démoralisants, trop fouillis, prise de parole forcée, pas de formation à animer des groupes.Peut-être que celà a changé.

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  4. Bonsoir Dominique,
    Quand je te lis et que je vois que tu as été confisquée de parole par tes agresseurs, je me reconnais avec mes mères nourricières, avec elles je n'avais pas le droit de parler non plus ou le strict mimimum et sauf aussi pour demander pardon alors là javais le droit de parler jusqu’à ce que ce soit bon. Je ne suis pas prête à admette que c'est pas de ma faute pour les agressions, je n'ai pas su me faire aimer. J’ai de la peine et beaucoup de colère aussi envers tout cela. J'ai beaucoup de mal avec cela encore, mais peut-être qu’un jour je verrais autrement. Je crois qu’aussi il y a une partie de moi qui vit dans la terreur mais j'ai du mal à la reconnaître, car je vis aussi dans la peur et l'angoisse. Je ne sais pas ce qui me pousse à me dissocier, ce qui a provoqué cela. Je sais que mon père était un drôle de type, capable de tout. Mais il paraît aussi que je n'étais pas très gentille aussi d'après ma mère. Comment tu fais pour reconnaitre les moments ou tu alternes les personnalités. Moi je n'ai pas encore réussi et de même, j'ai du mal à savoir et reconnaitre le trop plein. Je m'en rends compte, mais il est trop tard. Je n'arrive pas à m'écouter, à faire des pauses. Cela m'énerve Dominique, je fonce et j'avance, je crois que c'est cela qui me permet de survivre et de ne pas réffléchir aussi et de tomber dans les idées noires. Concernant le groupe, la personne qui l'anime connait mon problème, c’est un coté rassurant et je ne suis pas obligée de prendre la parole mais si je ne le fais pas, je me sens à part. Je crois que l'animatrice a fait une formation pour pouvoir les faire. C'est vrai, c'est angoissant mais cela me permet de rencontrer d'autres personnes comme moi aussi et ce n’est qu’une fois par mois. Je ne connais pas "les groupes de 12 étapes anonymes" et je ne sais pas si où j'habite il y en a…
    Je te remercie Dominique de ce commentaire, j'espère que je ne t’ai pas répondu à coté, sinon dis le moi, tu veux bien ?
    A bientôt, bisous et bon courage à toi.

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