« Si vous traitez un individu comme il est, il restera ce qu'il est.
Mais si vous le traitez comme s’il était ce qu'il doit et peut devenir, alors il deviendra ce qu'il doit et peut être. »

Behandle die Menschen so, als wären sie, was sie sein sollten, und du hilfst ihnen zu werden, was sie sein können.

J. W. von Goethe, Faust I

Art Therapie Virtus

mardi 6 novembre 2012

BD – Lettre à mon père n° 1

Quand la D.A.S.S. m’a annoncé sa mort car, il s’est pendu en hôpital psychiatrique, il était très malade mentalement et très violent aussi avec tout le monde. Il avait fait de la prison à plusieurs reprises et il était bien connu par la police. C'est à la suite d'un jugement qu'il avait été interné. Donc un psychologue de la D.A.S.S. m’a expliqué, alors que j'avais quatorze ans environ, comment j'ai été traitée par mes parents ; psychologiquement et physiquement. J’avais été battue et violée par mon père et son ami, chose que ma vraie mère plus tard avait reconnue, mais seulement pour mon père. Car pour elle, la concernant, elle ne m’a jamais rien fait de mal. Tout cela n'était pas vrai, que la D.A.S.S. avait menti, que je ne devais pas les croire. Quand j'ai voulu en savoir plus, elle s'est rétractée. Pour mon père elle m’a dit qu'il m’a aimée et donné de l'amour à sa façon comme elle l’a fait aussi, les premières bases de la vie afin de grandir plus vite. Que c'était moi qui ne voulais rien savoir et entendre.
Dans cette histoire des choses me dépassent, pourquoi m'avoir fait subir de telles choses ? Je n'étais qu'une enfant, sans défense. J'aurais voulu connaître sa vie à mon père, qu’il m'explique comment il a été élevé par sa maman à lui, et comment il en est arrivé là, à faire de la prison, pourquoi ? pourquoi est-il devenu violent avec tout le monde ? J'aurais voulu aussi entendre sa version à lui me concernant et pas seulement les dires de la D.A.S.S. Je suis en colère contre lui, car il a élevé un peu mon autre frère et mes autres sœurs. J'aurais voulu savoir pourquoi pas moi alors que pendant cette relation sexuelle qu’il a eu avec cette femme : ma mère, il devait bien se douter qu'une grossesse devait arriver. Moi ! J'aurais voulu savoir aussi s’il m’a aimée, et si oui, de quelle façon ? car je pense que lui et moi on n'a pas la même façon de voir et d'exprimer le mot aimer. J'aurais voulu savoir pourquoi il s’est pendu, pour quelle raison ? Dans quelle circonstance ? si c'est à cause de moi ou de mes frères et sœurs ou pour une autre raison ? ou si c'est à cause de ma « mère », ou parce qu'il n’a pas pu nous voir ou nous aimer comme il aurait voulu.
Moi dans ma tête, je me pose toutes ces questions, je me demande aussi s’il n’y avait pas d'autres moyens de l'aider, si dans cet hôpital il a été suffisamment surveillé, s’il a eu une bonne prise en charge pour qu'il soit bien soigné malgré sa méchanceté ? Car à cette époque il n'y avait pas l'aide que maintenant ont les grands malades. Oui je suis en colère contre toi père.
Oui je me pose toutes ces questions et je suis en colère car on m’a laissée sans réponse à cette situation et que, pour moi, j'ai l'impression que l'on veut, comme ma mère l’a dit, je le sais, elle m'en a parlé. Le peu que je connaisse n'est pas vraiment rassurant et je suis en colère aussi car on n’a jamais répondu à ma lettre à la D.A.S.S. Je me dis que l'on ne veut rien me dire car c'est de ma faute. Et dans ma tête j'en suis réellement sure. C'est de ma faute si tu ne m’as pas aimée, si tu t'es tué une chose qui est bien implantée comme si on m'avait fait un lavage de cerveau.
Je suis en colère car quand j'aborde ce sujet comme ce matin et même maintenant je pleure devant l'ordinateur par ce que ça me fait mal à l'intérieur de moi, c'est une telle souffrance cette histoire que les gens ne peuvent même pas imaginer comme à l'intérieur tout est meurtri, mort c'est comme un livre ou il manque des pages ! C'est une douleur qui me rend malade ! Que je n'arrive toujours pas à gérer, oui je t'en veux, cher père de m'avoir fait tout cela et de m'avoir rendue telle que je suis maintenant, je n'arrive pas à savoir qui je suis exactement, avec toutes ces absences qui me fond perdre la tête. Je ne sais pas si cela va me faire du bien d’écrire cela, mais une chose est sure, je veux retrouver ma fierté et ma dignité personnelle une chose que tout ce petit monde m’a enlevée.
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1 commentaire:

  1. bonjour Béa, tu as écrit dans la fin de ce billet: "je veux retrouver ma fierté et ma dignité personnelle une chose que tout ce petit monde m’a enlevée" et je crois que ce que tu fais en écrivant cette lettre, ces lettres va dans ce sens là.

    je trouve que dans ce que tu écris, il y a beaucoup de pourquoi. Bien sûr un père est un père et il y a une partie de toi qui aimerait comprendre, comme pour le disculper, comment il a pu faire une chose pareille. Mais même si tu le savais, cela n'excuse en rien ce qu'un homme adulte a fait subir à une petite fille.

    la douleur, la violence c'est toi qui l'a vécue dans ton corps, dans ta tête, dans ton coeur, dans ton être. Et comme tu étais petite, la seule explication qui venait, était que tu étais vilaine, méchante et que c'était de ta faute.

    N'oublies pas que tu étais un être sans défenses et que même si tu n'étais facile (et à qui la faute) te faire cela est inadmissible.

    Il a bousillé ta vie d'enfant, il a bousillé ta vie d'adolescente et de femme.

    Peut être un jour pourras tu lui pardonner (parce que j'ai l'impression que si tu pouvais comprendre tu irais jusque là) mais pour le moment, il s'agit de te dire que cet homme n'a pas été un père.

    Un père ça respecte la loi (tu n'as pas le droit de violer ta fille) et ça explique à ses enfants les choses qu'il faut faire ou ne pas faire. Et lui, il s'est voulu le maître de la Loi, et même s'il ne savait pas le mal qu'il te faisait il l'a fait quand même.

    Quant à son suicide, tu n'y es pour rien.

    Bisous

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