« Si vous traitez un individu comme il est, il restera ce qu'il est.
Mais si vous le traitez comme s’il était ce qu'il doit et peut devenir, alors il deviendra ce qu'il doit et peut être. »

Behandle die Menschen so, als wären sie, was sie sein sollten, und du hilfst ihnen zu werden, was sie sein können.

J. W. von Goethe, Faust I

Art Therapie Virtus

mercredi 7 novembre 2012

BD – Lettre n° 2 à mon père

Mon très cher père,
Comme c'est dommage que tu ne sois plus là, toi tu es mort et tranquille, et tu ne te soucies de plus rien. Comment as-tu pu partir de cette façon aussi monstrueuse, aussi faux cul. Jamais je ne te pardonnerai une chose pareille. J'ai une haine envers toi si grande, que je n'arrive pas à la canaliser, à me calmer. Je ne peux même pas à te trouver un mot pour te dire et t'expliquer combien ma souffrance est grande à l'intérieur de moi ; combien elle me déchire, me fait saigner. Cette enfance que tu m’as fait vivre, rien qu’en y pensant, me fait réagir violemment. Je suis psychologiquement très fragile. Mon cerveau aussi réagit, à sa façon. Encore cette nuit mon corps a réagi pour exprimer son mal être. C'est aussi ma façon à moi de montrer combien cet amour d'un père m’a manqué. Je parle d'un père qui sait aimer son enfant d'une façon normale, mais pas comme tu m’as aimée toi, aussi salement. Tu as meurtri mon corps, tu as détruit mon innocence de petite fille quand je pense à toi ça me provoque des nausées, des frissons, ça me rend tellement malade que ça me provoque des absences. Je n'arrive même plus à savoir qui je suis. Je doute de mes capacités de maman. Je n'arrive même plus à reconnaître ce qu’il y a de bien chez moi, tellement que je me hais. Je me fais mal régulièrement, pour me punir d'être venue au monde. J'ai l'impression que tu es encore à l'intérieur de moi, que cette douleur que je ressens est la tienne, celle que tu m’as infligée. Alors je me fais mal encore et encore pour sentir une autre douleur que la tienne. J'ai tellement peur de te ressembler, d'avoir hérité de ta méchanceté de ta violence. Tellement peur de faire du mal à mes enfants que j'en pleure. Cela devient insoutenable !
Père tu m’as bousillée, tu m’as tuée, tu as tué tout l’intérieur de mon corps ; je suis morte ! Ça me fait tellement mal que je fais régulièrement des séjours à l'hôpital suite à des pertes de connaissances, ou alors parce que je fais des dépressions graves au point de vouloir mourir vraiment car je ne me supporte plus. Là, c'est des séjours en hôpital psychiatrique car, pour ma sécurité, les médecins n'ont pas le choix. Je suis obligée de prendre des traitements pour apaiser mes angoisses, pour dormir et pour calmer mes migraines qui ne me quittent plus. Je suis obligée de me faire suivre par deux psychiatres. Voilà père comment tu m’as rendue. Je ressemble à une poupée en chiffon, que tu as prise comme ton jeux. Cette poupée en chiffon que tu as battue à mort, que tu balançais contre le mur, alors que tu prenais ton plaisir avec et que tu jouissais à l'intérieur d'elle. Tu m’as prise pour ton jouet. Voilà père le résultat de ton fameux amour, ton amour que tu trouvais normal. Et bien père, cette poupée en chiffon doit se reconstruire, complètement, avec de nouvelles valeurs ; cette poupée de chiffon veut vivre normalement ; cette poupée de chiffon ne veux plus douter sur ses qualités ; cette poupée de chiffon veut s'aimer. Elle ne veut plus se faire de mal. Cette poupée de chiffon veut te montrer que, même si tu es mort, qu'elle est plus forte que toi. Bien sur cela va demander du temps, de la patience, beaucoup de pleures et des remises en question. Mais je vais m'accrocher.
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3 commentaires:

  1. Et bien Béa, ça c'est une lettre; tu peux être très fière de toi.

    je ne sais pas si tu connais la poupée que françoise Dolto avait imaginé pour les enfants, voici un lien vers cette poupée en chiffon: http://t1.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcT-RHMfwaYlzLFmgnOYSYBZd9LgxEeTS846ItE5uMx3TfYeZOcojw

    c'est une poupée marguerite, et cette poupée "végétal" petit à petit se transforme en poupée toujours en chiffon, mais humaine et c'est cela ce que tu vis.

    J'ai l'impression que tu es en train de te mettre au monde et je ne peux que te dire que c'est douloureux, affreux par moment, mais que c'est cela ce que tu fais. Pas étonnant que tu aies des chutes de pression..

    je me permets de t'embrasser.

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  2. Bonsoir Giboulée ,
    Je suis désolée , je vous répondrais plus tard , en vous lisant , je pleure ! ça fait trop mal trop , trop de chamboulement ! et je suis trop épuisée ! mais merci , moi aussi je vous embrasse .

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  3. Bonsoir Giboulée ,
    Je suis effectivement chamboulée , mon cerveau aurait besoin d'un rangement à l'intérieur , mais je pense que pour l'instant , beaucoup d'émotions ne sont pas bien sortie !! qu'il y a encore beaucoup de chose qui me perturbent ! et que mon corps est aussi bien perturbé ! mais je fais du mieux que je peux pour m'accrocher ! car il est hors de question que je m'arrête là !
    Bonne soirée Giboulée .
    A bientôt , je vous embrasse .

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